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L'Internationale

(Eugène Pottier)

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Au citoyen LEFRANÇAIS, membre de la Commune.

C'est la lutte finale : Groupons-nous, et demain, L'Internationale Sera le genre humain. Debout ! les damnés de la terre ! Debout ! les forçats de la faim ! La raison tonne en son cratère, C'est l'irruption de la fin. Du passé faisons table rase, Foule esclave, debout ! debout ! Le monde va changer de base : Nous ne sommes rien, soyons tout ! Il n'est pas de sauveurs suprêmes : Ni Dieu, ni César, ni tribun, Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes ! Décrétons le salut commun ! Pour que le voleur rende gorge, Pour tirer l'esprit du cachot, Soufflons nous-mêmes notre forge, Battons le fer quand il est chaud ! L'État comprime et la loi triche ; L'Impôt saigne le malheureux ; Nul devoir ne s'impose au riche ; Le droit du pauvre est un mot creux. C'est assez languir en tutelle, L'Égalité veut d'autres lois ; «Pas de droits sans devoirs, dit-elle, »Égaux, pas de devoirs sans droits !» Hideux dans leur apothéose, Les rois de la mine et du rail Ont-ils jamais fait autre chose Que dévaliser le travail ? Dans les coffres-forts de la bande Ce qu'il a créé s'est fondu. En décrétant qu'on le lui rende Le peuple ne veut que son dû. Les Rois nous soulaient de fumées, Paix entre nous, guerre aux tyrans ! Appliquons la grève aux armées, Crosse en l'air et rompons les rangs ! S'ils s'obstinent, ces cannibales, A faire de nous des héros, Ils sauront bientôt que nos balles Sont pour nos propres généraux. Ouvriers, paysans, nous sommes Le grand parti des travailleurs ; La terre n'appartient qu'aux hommes, L'oisif ira loger ailleurs. Combien de nos chairs se repaissent ! Mais, si les corbeaux, les vautours, Un de ces matins, disparaissent, Le soleil brillera toujours ! C'est la lutte finale : Groupons-nous, et demain, L'internationale Sera le genre humain. Paris, juin 1871.


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