Europe, année 0
- michelpinardon
- 7 mai
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"Si les Ricains n'étaient pas là, nous serions tous en Germanie..." chantait autrefois Michel Sardou. Et bien, les Ricains sont là, et nous allons à tombeau ouvert (l'expression est adaptée) dans un 4ème Reich sauce russe grâce à eux, sauf si les marchands et financiers qui ont pris l'habitude de gouverner l'Europe se réveillent dans la peau de chefs politiques dignes de ce nom. Quelqu'un a-t-il le nom d'un commerçant devenu général de talent sous la pression subite des évènements ? Pour ma part, aucun ne me vient à l'esprit. Le métier de celui qui utilise les armes est très différent du métier de celui qui les vend.
L'Europe ne forme pas un peuple, même plus des peuples. C'est un continent géographiquement étroit empli d'une foule composée de consommateurs. C'était l'objectif du marché Commun devenu Union Européenne à la suite de son agrandissement. Sa philosophie ? remplacer le désir d'expansion des états qui la composent par un gigantesque marché apte à annihiler toutes les volontés agressives. Gaver sa population afin de la rendre docile et rentable. "Qui veut mourir pour Dantzig ?" interrogeait Hitler en 1939. Demain, qui parmi les Européens voudra mourir pour Kiev ? Quel Européen acceptera de se serrer la ceinture, de restreindre son pouvoir d'achat parce que son pays sera entré dans une économie de guerre ? Et de plus dans un rapport de force où il faudra autant contenir l'Ouest que l'Est, et cela sans technologie de pointe, sans industrie lourde, sans même la capacité de fabriquer les caleçons des soldats européens, faute d'industrie textile ? Une impréparation de ce niveau est assimilable à de la trahison. Nos dirigeants se remplissent de mots, de bonnes intentions, de jugements de patronage. "ceci est mal", pleurnichent-ils en voulant croire que le langage de raison finira par prévaloir chez les brutes. Ils ont oublié que les mots sans actes ne signifient rien, ou pire, signent la faiblesse d'âme. Les prédateurs qui gouvernent le monde flairent cette faiblesse comme les requins savent détecter une goutte de sang diluée dans l'océan.
Il est bien tard pour se réveiller. Le monde a marché vers, vers... vers quoi ? Personne ne le sait, et c'est bien le plus inquiétant. Un appétit expansionniste inédit depuis des décennies s'est emparé des pays les plus importants par leur taille ou par leur puissance dans une synchronicité troublante. Séparément, et par des chemins qui semblaient tout à fait opposés, ils se retrouvent ensemble à la croisée du destin de la planète. Il s'agit bien entendu d'une rencontre opportuniste. Quand le sort de l'Ukraine sera scellé, quand celui de l'Europe l'aura été aussi, l'ouest et l'Est se retrouveront face à face, "flingue en main". Il n'y aura plus d'amis de circonstance, il n'y aura que des rivaux insupportables l'un à l'autre. Et nous serons passés au chapitre suivant de l'histoire.

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